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mardi, 15 septembre 2020 14:42

Consultation Nutrition dans le cadre d’une infertilité

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Du fait de l’évolution de la société, les demandes de consultation pour hypofertilité ou stérilité sont devenues très fréquente (leurs causes sont multiples).

Bien souvent, ces consultations se soldent par des propositions d’assistances de procréation sans pour autant proposer des conseils nutritionnels avisés.

Or, la nutrition joue un rôle essentiel dans l’accompagnement des futurs parents.

L’un des rôles de la consultation en nutrition sera d’établir le cadre de l’alimentation, de mettre en évidence les déséquilibres éventuels pouvant contribuer à ces hypofertilités mais également un rôle essentiel qui permettra d’optimiser le patrimoine génétique et les influences épigénétiques des futurs parents.

Les facteurs nutritionnels et micro-nutritionnels

 

Deux éléments importants et complémentaires :

 - l’équilibre dans l’assiette : les apports caloriques totaux ;

                                             Les apports lipidiques (rôle majeur dans la fertilité);

                                              L’index glycémique des repas ;

                                              La toxicologie nutritionnelle et évaluer le bénéfice/risque de certains groupes d’aliments consommés ;

 - la densité micro-nutritionnelle : les oligo-éléments, minéraux et les vitamines (rôles essentiels dans la fertilité) ;

                                                    Les facteurs antioxydants : facteurs protecteurs ;

                                                    Les ingrédients fonctionnels ;

 Une alimentation hypercalorique, associée à un index glycémique élevé ce qui est très fréquent sera associée à une insulinorésistance et à une prise de poids, facteurs défavorables pour la fertilité du couple et notamment chez la femme.

A l’inverse, une insuffisance d’apport calorique (anorexie, anorexie chez les athlètes, manque d’apport en lipides essentiels) est également responsable de troubles de la fertilité. De nombreuses études ont montré qu’au cours de l’anorexie, la masse critique de masse grasse corporelle descendait en dessous d’un seuil nécessaire à la reproduction et à la fertilité.

Chez la femme athlétique, en excès d’activité sportive, avec une diététique trop restrictive en dessous des apports lipidiques de sécurité, nous retrouverons également cette anorexie avec un déficit en acides gras essentiels et indispensable, notamment pour la reproduction.

 

Une notion nouvelle considère le bénéfice par rapport au risque de consommer de certains groupes d’aliments :

Cette notion est apparue depuis les années 1960 où les modes de cultures, de pèches, d’élevages ont considérablement évolués laissant une large place à des intrants, des produits phytosanitaires qui sont pour la plupart d’entre eux potentiellement toxiques et notamment au niveau de la reproduction.

Les baisses de la fertilité chez l’homme ont abouti à la création d’agences sanitaires qui émettent des recommandations, et nous invitent à porter attention à deux grands groupes d’aliments.

 - l’assiette végétale : la production de fruits, légumes, céréales s’accompagne souvent de résidus et pesticides particulièrement élevé encore aujourd’hui. Il est donc important de modérer la consommation d’aliments trop chargés. Les agences de sécurités veillent à réduire les charges de produits toxiques résiduels. En attendant, le bénéfice-risque reste favorable à la consommation de légumes, de fruits même de culture et de productions conventionnelles : toutefois, il faudra bien les laver et les éplucher.

- les poissons : souvent chargés de méthyl mercure, de dioxyde pour les poissons de fin de chaine (espadon, requin, thon, brochet) On préféra consommer des petits poissons de début de chaine (comme les sardines, le maquereau, le hareng, le saumon la truite) et s’orienter vers des filières de pèches durable voir bio.

- la consommation d’une assiette bio, en période de préconception et tout au long de la grossesse, malgré le prix.

- supprimer les toxiques tel que l’alcool et le tabac.

 

Les acides gras essentiels : essentiels dans la reproduction 

 Les acides gras favorables sont les omégas 3 totaux, (l’acide alpha linolénique et EPA) mais également DHA (constituant essentiel des membranes de nos cellules).

Le rapport entre les omégas 6 et omégas 3 est important : aujourd’hui, il est bien trop élevé par rapport à l’optimum de notre santé, entre 10 et 20 pour la majorité d’entre nous et incompatible pour une fécondabilité optimale.

Il nous faut donc augmenter nos sources d’oméga 3 et réduire les omégas 6 (huile de palme, tournesol, mais, pépin de raisin).

Les acides gras défavorables sont les acides gras industriels trans (associés à une baisse de fertilité) et donc les omégas 6 consommés en excès

En consultation, il est possible d’évaluer le statut des acides gras dit « Statut des acides gras érythrocytaires ». Le dosage nous permettra donc de mieux comprendre un éventuel facteur de risque limitant dans la reproduction et de conseiller une supplémentation bien souvent en oméga 3 soit EPA/DHA (huile de poisson, de pèche durable, via de nombreux labels qui existent aujourd’hui).

 

Vitamines et micronutriments :

  • Vitamine D :

Des études humaines ont fait un lien entre déficit en vitamine D et qualité du spermogramme.  Par ailleurs, une concentration optimale en vitamine D exerce un effet hormonale favorable sur l’ovaire polykystique et l’endométriose (une des causes pathologiques de l’hypofertilité féminine).

Au cours des FIV, la supplémentation en vitamine D chez les femmes caucasiennes de race blanche était utile afin d’obtenir un statut supérieur à 30ng/millilitres.

En consultation : dosage de la vitamine D total, chez la femme et l’homme.

Si la valeur est < 30 ng/ml, une complémentation s’avère indispensable. Il est souhaitable d’apporter en même temps du calcium (300mg par jour) et du magnésium (100 à 200mg par jour), durant les 3 premières semaines de supplémentation.

 

  • Le Fer :

De nombreuses études ont montré qu’une insuffisance en fer était associée à une hypofertilité.

Attention, l’excès de fer a une action pro-oxydante.
Il faudra donc choisir des compléments en fer n’ayant pas cette action. Votre médecin nutritionniste saura vous orienter.

En consultation : dosage de la ferritine et de la crp ultrasensible (marqueur de l’inflammation de bas grade). En fonction des valeurs, une supplémentation en fer organique sera indispensable. La ferritine idéale pour une femme doit se situer > 50ng/mL.

 

  • Le Zinc :

Il est présent en concentration importante dans le liquide séminal et dans la prostate. Le déficit est présent, dans les deux sexes : il est donc indispensable de vérifier ce statut dans les deux sexes ;

Le zinc joue un rôle clé dans la spermatogenèse. `

En consultation : dosage de la zincémie, chez la femme, l’homme. Si carence ou concentration dans une médiane basse, une supplémentation s’avère nécessaire allant de 15mg par jour, pendant quelques semaines maximum 2 mois.

 

  • Le Sélénium :

Il joue un rôle clé dans la spermatogenèse, la détoxication de l’organisme. Nous retrouvons chez l’homme une concentration élevée de sélénium dans les testicules, attestant de son rôle essentiel.

En consultation : dosage du sélénium. En cas de déficit, une complémentation sera proposée. Les apports nutritionnels se situent aux alentours de 100ug, une complémentation courte de 200ug par jour sera proposée.

 

  • Les folates ou vitamine B9 ou acide folique :

Si carence, cela est responsable d’une malformation du tube neural (spina bifida), d’une méthylation défectueuse et d’une augmentation de risques de toutes les infections, de développement pathologique au cours de la grossesse.

En consultation : dosage des folates et de l’homocystéine (témoin de la méthylation, qui doit rester dans des valeurs basses). En cas de déficit en folate, une complémentation est donc indispensable de 400ug par jour. Nous proposerons idéalement des formes « méthyl-folate ». Une alimentation végétale en parallèle, le foie, levure de bière, seront des sources nutritionnelles intéressantes.

 

  • Le Co-enzyme Q10 :

Il est présent en concentration importante dans le liquide séminal et a un rôle énergétique et antioxydant majeur. Une supplémentation s’est avérée efficace en cas de déficit sur le spermogramme.

En consultation : dosage du Co enzyme Q10 plasmatique (notamment chez l’homme présentant une oligo-azoospermie afin de l’optimiser). La supplémentation sera proposée entre 20 à 100mg par jour.

 

  • Myo-inositol et mélatonine :

Le Myo-inositol (isomère de l’inositol soit vitamine B7) participe à la reproduction humaine, ainsi que la mélatonine. De nombreuses publications font état du rôle de ce myo-inositol dans la fertilité : la principale cause d’infertilité diagnostiquée est le syndrome de l’ovaire polykistique (SOPK), qui se caractérise entre autres par une insulinorésistance. C’est précisément sur cette résistance à l’insuline qu’agirait l’inositol, en corrigeant les désordres endocrino-métaboliques lié au SOPK. Pour les femmes concernées, l’alimentation ne suffit pas à apporter suffisamment d’inositol pour améliorer les symptômes, et une complémentation s’avère nécessaire.

Le couple homme et femme en situation d’hypofertilité doit avoir un apport optimal en ce micronutriment.

En consultation : Si SOPK, donc insulinorésistance, nous proposerons une supplémentation en myo-inositol de 100mg deux prises par jour, associé à l’acide folique.

 Principales sources alimentaires en inositol : Les meilleures sources d’inositol sont le foie et le cœur de bœuf. On en trouve également dans la viande de bovin et de porc.
Côté végétaux, ce sont les oléagineux (noix fraîche, noisettes), les légumineuses (lentilles, haricots rouges), les céréales complètes (avoine, blé, germe de blé, sarrasin, orge) et certains fruits (oranges, pamplemousses, fraises) et légumes (chou-fleur, petit-pois) qui sont les sources les plus intéressantes d’inositol.

Le modèle alimentait méditerranéen-crétois est tout à fait adapté.

 

Principales affections liées à une hypofertilité

Il nous faudra les rechercher en consultation.

- Toxicologie environnementale (perturbateurs endocriniens, polluants organiques persistants tel que le bisphénol A ou les phtalates, le tabac) : la consommation en aliments sources de phyto-œstrogènes (grains complets, lentilles, lin, seigle, soja etc) serait un modulateur endocrinien non toxique. La consommation excessive pourrait poser problèmes au jeune âge mais non au cours de la grossesse. Les polluants organiques sont particulièrement problématiques lors de la période de la péri-conception.

En consultation : Nous veillerons à éduquer les patients pour s’exposer le moins possible à ces polluants organiques. (Alimentation biologique notamment, consommer des crucifères (choux, brocoli etc) et/ou associer une complémentation par N-acétylcystéine 600mg par jour qui va optimiser l’élimination de toxique et mélatonine 1mg le soir pour favoriser un grand nombre de détoxification durant la nuit).
Concernant le tabac, le sevrage est indispensable autant du côté de la femme que de l’homme et ce, le plus tôt possible en prenant le temps et en étant accompagné par un professionnel de la santé. En nutrition, nous optimiserons la synthèse en dopamine, l’apport en magnésium et vitamine C pour éviter les carences. 

- Surpoids androïde et maladies métaboliques ainsi que le SOPK comme cité ci-dessus (5 à 10% chez la femme)

En consultation : Dosage du facteur d’insulino-résistance HOMA, de la glycémie à Jeun et l’insulinémie à Jeun.

- Stress oxydant et anomalies des spermatozoïdes : le stress oxydant est indispensable pour la fécondation chez la femme. Par contre, chez l’homme, une augmentation des radicaux libres ou une baisse des antioxydants endogène s’avère délétère en termes de fertilité ;

En consultation : Nous pourrons être amené au besoin à doser le marqueur du stress oxydant « 8 OHDG 8-hydroxy-2-désoxyguanosine urinaire », associé au dosage du zinc, sélénium, vitamine E.

 - Maladie cœliaque et intolérance au gluten : la maladie coeliaque est associée à une baisse de la fertilité, notamment une fertilité moindre 2 ans avant de poser un diagnostic. Le régime sans gluten a un effet positif !

En consultation : Nous doserons systématiquement les IGA anti-transglutaminase de type 2 associé au dosage des IgA Anti-endomysium pour éliminer une maladie cœliaque. Pour l’intolérance au gluten, il n’y pas à l’heure actuelle de standard biologique.

La prise en charge en consultation nutrition reposera donc sur un régime sans gluten, la correction de l’écosystème intestinale systématiquement et la compensation de déficits vitaminiques et micro nutritionnels secondaires à ces intolérances (vitamine B9, zinc et fer).

- Stress chronique, responsable d’une augmentation du cortisol associé à une baisse de la fertilité chez la femme et une hypofertilité des gamètes chez l’homme, et dépression (cause ou conséquences de la prise en charge de cette hypofertilité ?) ;

En consultation : Nous optimiserons l’apport alimentaire et en complément d’oméga 3 (1g d’EPA/DHA par jour), nous corrigerons bien entendu les déficits, et enfin nous gérons la neuro-inflammation (curcuma, safran, coenzyme-Q10 et mélatonine)

- L'Endométriose

 

Il est évidemment qu’en sus des dosages biologiques demandés, en fonction des résultats obtenus, des conseils nutritionnels adaptés sont indispensables à mettre en pratique.

Votre médecin nutritionniste ou diététicien saura vous aiguiller au mieux.

Également, une diminution du poids en situation de surpoids notamment androïde est fondamentale.

Ces consultations peuvent aussi bien se dérouler en présentiel qu’en téléconsultation.

A noter cependant que beaucoup de ces dosages biologiques ne sont pas remboursés par la sécurité sociale : il faudra donc bien poser la question à votre médecin sur le coût total de ces prélèvements.

 

Read 5629 times Last modified on dimanche, 04 octobre 2020 17:34
Camille Lequere

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